• Les dépravées (2)

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    Au pli de leurs veines délicates, un poinçon rouge, témoin de la luxure extrême, qu'elles s'offrent en cachette, dans des appartements secrets aux allures de boudoirs. L'une est assise sur les genoux de l'autre, jupe relevée, un bras passé tendrement autour de son cou, dévorant des yeux son amante à la main experte qui ne tremble même plus, et cette minuscule aiguille qui appuie, perce, puis pénètre langoureusement sa veine, aspirant un peu de son sang pour recracher en elle l'exceptionnel breuvage qui lui laissera l'empreinte indélébile de sa vicieuse, mais ô combien délicieuse, compagne.
    Même si elle ne craint rien, même si elle a toute confiance, son bras se serre et se crispe autour de son cou, sa main empoigne ses cheveux, ses ongles se plantent dans sa joue au fur et à mesure que l'aiguille transperce son bras. Elle est heureuse. Elle est amoureuse. Elle sait qu'elle va partir au paradis avec son amante. Rien qu'elles deux, juste elles deux. Tous ses désirs inassouvis vont subitement renaître, au fil de la chaleur qui irradie tout son corps jusqu'à l'âme.

    Grâce à l'infâme cadeau empoisonné de sa maudite amante. Grâce à son sang vicié qui coule maintenant dans ses propres veines. Grâce à leurs vices malsains associés, pour leurs plus grandes joies, pour ne faire plus qu'une.

    Totalement déraisonnablement, elles s'autodétruisent au profit de leur plaisir immédiat. Oubliant leurs pudeurs, oubliant leurs sensibilités. Taisant leurs peurs, taisant leurs fragilités. Et c'est en robes du soir et talons hauts, savamment maquillées, parées de leur plus fine lingerie, jambes gainées d'un voile satiné, qu'elles s'injectent l'infecte substance, mélange hybride de cocaïne et cantharide, qui leur permettra d'aller jusqu'au bout de la nuit, d'aller jusqu'aux enfers, satisfaire leur besoin de décupler leurs sensations les plus sensuelles, pour vivre leur amour sauvage et s'abandonner sans retenue à leurs pulsions délurées.
    Aux tous premiers effets, les regards se croisent, les lèvres se taisent et se sourient, les robes se retroussent et se froissent, les seins s'endurcissent et se dégagent de leurs bonnets, les déhanchements alors discrets se font plus pressants, trahissant déjà leurs premiers émois, synonymes des multiples jouissances qu'elles allaient ressentir en leurs ventres comme des tortures inouïes puisqu'elles resteraient stériles de tout orgasme.
    Puis, subitement, elles se jettent l'une sur l'autre, comme de furieuses furies, s'étreignant violemment, empoignant leurs fesses, leurs poitrines, s'embrassant à pleines bouches, à en perdre haleine, se serrant à n'en plus pouvoir respirer, roulant à terre enlacées dans un corps à corps effréné. Une terrible ivresse, un tourbillon des sens voluptueusement amer, qui les transportera jusqu'au petit matin, totalement nues, échevelées, épuisées, leurs sueurs perlant à leurs paupières alourdies, leurs salives mêlées inondant leurs mentons, leurs cheveux maculant leurs joues, rougies d'avoir mis tant d'ardeurs à tenter par tous les moyens de se libérer du plaisir sans toutefois y parvenir.

    Ce ne sera qu'au lendemain qu'elles enfanteront l'orgasme, en un éclair foudroyant au creux de leurs ventres noués de souffrances, en une merveilleuse délivrance dans la douleur de l'avoir tant espéré, tant attendu. Leurs cris déchireront le silence. Leurs jambes, pressées sur leur intimité, auront bien du mal à se décroiser, voulant retenir au maximum l'ultime souvenir de leur nuit de débauche, du délicieux voyage qu'elles se sont offert ensemble tout contre les nuages.

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 21 Août 2009 à 17:47
    L'autodestruction...
    Par la dépravation. Deux allumettes qui craquent, s'enflamment, se consument ensemble et disparaissent en cendre. Bien à vous, Coquine. Armanny
    2
    Coquine
    Dimanche 23 Août 2009 à 13:04
    Et les cendres
    se dispersent au grè des vents et des pluies, emportant les amantes maudites par delà les nuages, au bas de la falaise... Bien à vous Armanny.
    3
    Jeudi 27 Août 2009 à 14:40
    juste en passant
    un baiser
    4
    Vendredi 28 Août 2009 à 21:33
    ...
    La descente aux enfers de ces dépravées est troublante et fascinante... Bises
    5
    Coquine
    Vendredi 28 Août 2009 à 21:44
    Lumière des ombres !
    C'est avec tellement de plaisir que je t'envoie mes baisers les plus doux... Je suis si heureuse de te recroiser ici !
    6
    Coquine
    Vendredi 28 Août 2009 à 21:47
    Cokinou,
    Elle l'est, oui, assurément... Tout comme leur amour dépravé l'est lui aussi... Bises douces Cokinou, je suis heureuse de te revoir toi aussi !
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    7
    Samedi 29 Août 2009 à 02:32
    Baiser doux pour toi
    Ma belle Coquine, il y a longtemps que je ne suis venue te voir mais je pensais toujours à toi. Je vois que tu écris toujours aussi bien même si tes couleurs ont un peu changé, elles sont toujours aussi fortes. J'ai cru comprendre que... Je suis désolée ma douce. L'amour va, l'amour vient, ainsi va la vie. Courage ma Coquine, le soleil reviendra encore pour toi, j'en suis sûre... Je t'embrasse. Fort.
    8
    Coquine
    Samedi 29 Août 2009 à 10:21
    Louve,
    Baiser doux pour toi aussi, la vie ne vient plus, elle s'en va... m'emportant dans ses bras si froids...
    9
    Lundi 31 Août 2009 à 08:40
    Chère Coquine...
    ... une nouvelle année commence (en gros me revoilou comme dirait Polnareff). Je vois que rien ne change trop ici ^^ tant mieux remarque. Bref, à plus bon lundi :) bisous.
    10
    Jeudi 3 Septembre 2009 à 17:40
    Amour des mots
    Attirée par les mots bien écrits et forts je me suis arrêtée... Trés jolis écrits, je reviendrais...
    11
    Coquine
    Jeudi 3 Septembre 2009 à 19:48
    Adrien,
    tant mieux ou bien... tant pis... Rien de nouveau, non, hélas... Bises.
    12
    Coquine
    Jeudi 3 Septembre 2009 à 19:49
    Darkpoison,
    Merci d'avoir pris le temps de t'être arrêtée un instant, à bientôt peut-être...
    13
    Nab & Co
    Vendredi 22 Janvier 2010 à 11:30
    Voyage au bout de votre envers
    Seuls ces voyages là ont une valeur ... Au bout l'autre ... Au bout tout et rien ... Belle aventure
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