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Jouissance étrange
Chaque minute passée auprès de toi était comme électrisée. J'étais troublée par le moindre contact, tes baisers, la pression de ton corps qui répondait au mien. Ta façon de te pencher sur moi et de me posséder, ton visage contemplant la joie donnée, reçue sans pudeur, sans contrôle possible. Ta satisfaction, tes pouvoirs divins. Tes doigts entrant et sortant plus fort, plus sûrs et plus inévitables à chaque fois jusqu'à ce que tu découvres un contact nouveau et alors lentement, très lentement, c'est toute ma chair que tu touchais et chaque caresse se faisait distincte, sonore, stupéfiante. Je n'osais même pas parler, pas même bouger, pas même l'encourager avec des mots doux comme j'aimais à le faire, ne pouvant que retenir mes cris à chaque poussée que tu guidais, contrôlais, maîtrisais, nourrissais et menais à bien.
J'étais à ta merci, tendue vers toi. Toi, tu acceptais fièrement, tu prenais tout ce que je t'offrais de moi. Caresse après caresse, étrange cet enivrement et cette sérénité, surprenant et un peu effrayant ce plateau sur lequel tu me conduisais. Ondes de chaleur successives. Immobilité, mouvement et puis, le frisson soudain, ultime.
J'aimais tant ce doux vertige, malmenée de toi parfois mais si exaltée. J'aimais être à la merci de ta puissance et de ta force et de tes doigts, de ton caprice ou de ta tendresse. Tes yeux, ouverts sur moi, dispensaient le plaisir, se savaient capables de me donner richesse, peur ou triomphe à chaque caresse. Moi, j'admirais, prisonnière du contact de ta main sur ce qui est au cœur de moi-même, du lent et mystérieux cheminement de tes doigts sur les lèvres de ma bouche béante et avide d'être emplie de toi, de ta plénitude, de ta force en moi.Prends-moi encore, je suis à toi. Tes longs doigts qui m'assaillaient me coupaient le souffle ou, sournois, me transportaient plus haut encore, plus haut oui, vers l'au-delà de l'amour. C'était le triomphe final, la grande onde, celle qui submerge nos deux corps enroulés. Mes cris chuchotés se mêlaient à ceux que tu murmurais, mélopée pour moi qui venais à toi, mon amour. Jouissance étrange...
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