Je n'ai pas oublié la première fois où tu as enfermé mes poignets dans tes bracelets. Je n'oublierai jamais la douceur de ton regard à ce moment-là, la délicatesse de tes gestes, ton attention à ne pas trop les serrer. Derrière ton sourire plein de tendresse, j'ai pourtant vu la peur, malgré tout, la peur de mal faire, de faire mal, la peur de décevoir, celle d'aller trop vite, d'être incomprise et de perdre ma confiance. J'ai aimé cette peur comme j'ai aimé cet instant de fusion et d'infini partage entre nous, un instant parmi tant d'autres, tant d'autres...
Et puis, il y a eu le plaisir... celui qu'il me semble maintenant ne jamais avoir connu auparavant. Un plaisir subtil et fragile mais grandiose. Celui que tu as découvert en moi. Celui que tu as réussi à faire éclore, à faire grandir, à sublimer, à apprivoiser, à t'approprier. Ce plaisir découvert et offert avec tant d'amour pour la première fois, avec tellement d'audace et de fierté. Jamais personne n'y était parvenu ainsi avant toi, jamais. Pour la première fois je me suis sentie désirée, aimée, belle, femme. Pour la première fois j'aimais sincèrement, pleinement.
En confiance, mes yeux se sont fermés et, dans cet inoubliable vertige de nos sens, j'ai été à toi, à toi seule. J'avais la sensation d'être totalement libre, libérée... et puis celle, paradoxale, d'être sous ta protection, sous ta tendre emprise, de m'en remettre à toi, corps et âme, de me soustraire à mes maux, à mes choix, pour me laisser aller complètement au gré de nos émois, au vent de nos ébats. Une sensation magique de délivrance et d'appartenance...
Je serai presque jalouse,je n'ai jamais fait l'amour avec quelqu'un qui m'aimait et que j'aimais aussi, cette tendresse, cette douceur ne peuvent pas être mimé par des amants qui ne s'aiment pas. Très beau texte très doux